Aujourd’hui, l’offre en matière d’hygiène intime explose. Avec des slogans qui rassurent : « respecte votre peau », « anti-irritations », « préserve l’équilibre intime », etc.
Mais peut-on faire confiance à ces arguments de vente ?
Aucune réglementation sur les produits d’hygiène intime
Oui, vous avez bien lu.
En fait, ces arguments marketing ne sont pas soumis à règlementation.
De la même façon, rien ne différencie sur le plan règlementaire un gel douche basique d’un produit d’hygiène intime. Il n’y a aucune obligation pour un produit de respecter un certain pH, certains ingrédients, pour pouvoir utiliser la dénomination « intime ».
Et c’est dommage, car la composition de tous les produits ne se vaut pas. Et c’est uniquement en regardant la liste des ingrédients qu’on le comprend.
Quelles recommandations ?
Un pH adapté à la muqueuse intime
Pour un produit d’hygiène intime, le plus important est de respecter le pH de la zone concerné.
Le pH des muqueuses et de la vulve se situe aux alentours de 4-5, comme le reste du corps. Si on ne veut pas assécher la peau et agresser le film hydrolipidique qui protège notre peau, il faut donc choisir un produit au pH légèrement acide.
On peut donc exclure tous les produits à base de savon. En effet, le procédé de saponification (soude + corps gras) sera forcément alcalin. Le savon de Marseille a un pH qui se situe aux alentours de 10 !
Comment retrouver le savon dans la liste des ingrédients d’un gel lavant intime : la mention sodium (sodium cocoate pour un processus de saponification à base d’huile de coco, sodium palmate pour l’huile de palme, etc.).
Les syndets ou pains dermatologiques
Pour se rapprocher du pH de la peau, l’industrie cosmétique a créé le syndet. C’est un savon… sans savon. Son pH se situe autour de 5.
Ils sont issus de l’association de tensioactifs ( leur rôle est de permettre le mélange uniforme d’ingrédients qui normalement ne peuvent pas se mélanger : eau + corps gras).
Mais (oui il y a un mais), tous les tensioactifs ne se valent pas. Certains ont la réputation d’être irritants : les -sulfates (sodium lauryl sulfate, ammonium lauryl sulfate, etc…). Essayez de les éviter.
Préferez des tensioactifs doux issus de base végétale :
- glutamate,
- glucoside,
- betaine.
Évitez les ingrédients allergisants
Évitez les ingrédients « parfum » et les huiles essentielles.
Évitez les conservateurs et antiseptiques
On les retrouve sous la mention « alcohol denat », « triclosan ».
Ces ingrédients peuvent non seulement assécher la peau, mais aussi détruire des germes utiles à votre flore.
Des ingrédients plus-value
Certains produits peuvent faire la différence s’ils sont de bonne composition, avec des actifs apaisants à base d’extraits de plantes (mauve, camomille, bleuet, avoine, calendula…).
L’acide lactique est aussi intéressant : certaines bactéries du vagin, les lactobacilles, en produisent, et aident à maintenir le pH acide de la zone.
Les pratiques à éviter
Le but de cet article est de vous aider à choisir un produit d’hygiène intime qui va préserver votre flore.
Pour être cohérente jusqu’au bout, évitez les lingettes désinfectantes ou antibactériennes dans cette zone, qui auraient l’effet inverse en détruisant votre flore.
Évitez aussi les déodorants intimes, les lingettes nettoyantes et les douches vaginales.
Aussi, lors des menstruations, préférez les culottes menstruelles ou des lingettes cousues en coton, aux protections périodiques industrielles et tampons.
Vous l’aurez compris, le bon choix n’est pas simple, et il impose de lire les étiquettes des produits pour ne pas se faire avoir par des arguments marketing.
Cela parait compliqué, mais une fois qu’on a compris quels termes rechercher dans la liste des ingrédients, c’est rapide, et vous pouvez faire la même chose pour votre gel douche corporel.
Si j’ai choisi de faire cet article, c’est parce qu’on sous-estime l’importance d’avoir un produit d’hygiène adapté à la sphère intime. C’est la première chose à faire quand on a des mycoses, des démangeaisons, des douleurs vulvaires, une sècheresse.